L habit fait le moine…ou pas…
Ne pas être là où on l’attend, telle pourrait être une des devises du gentlegay.
Oh ne vous gaussez pas en vous disant, ben si!, on sait où le trouver : vernissage, soldes privées, cocktails, défilés, petits dîners entre gentils hommes de bonne compagnie…facile…
Oui, c’est sur, enfin peut être, quoique, mais pas que…
Pire qu’être convenu, pour le gentlegay le faux pas serait d’être prévisible…
Et donc, quoiqu’en dise le fameux proverbe « l’habit ne fait pas le moine » c’est justement parce qu’il le fait, si bien, que le gentlegay, parfois, s’amuse de la création de légers malentendus…
Ce matin là, dans un état d’esprit cocoon, le gentlegay décide de se lover dans un pull au delà de l’extra large, disons méga-supra-large, en fait un pull qui… allez, si vous le voyez, feront naître des commentaires au pire « tiens on dirait le gilet serpillière du père noël est une ordure », au mieux « oh on dirait une robe tricotée façon Rodier »… ce à quoi je répondrais que c’est une pièce de haute volée couturière, permettant de remettre en cause les proportions traditionnelles du vestiaire masculin le plus basique, le pull irlandais ! Où comment porter de la maille à grosses côtes sans avoir l’air de revenir d’une partir de chasse alcoolisée dans la tourbe ni d’avoir l’air d’un beauf – non je ne fais pas de mauvais esprit, beauf comme beau-fils bien sur – le lendemain d’un noël familial et à qui sa belle mère aurait voulu montrer ses talents de tricoteuse effrénée…mauvais aiguillage…
Bref, le gentlegay revêt donc cette pièce de haute fashion avec en complément des basiques – point trop n’en faut tout de même - un jean brut et des baskets. Allez hop direction le boulot dans ce qu il qualifierait, lui, d’une tenue camouflage au sous titre évident : fichez moi la paix !
Mais, événement imprévu, le voilà au cours de cette journée, appelé pour un brief avec une agence de pub. On est loin de l’envie d’être passe muraille, là on se rapproche plus de l’escalade de celle de Chine…
Il entre donc dans la salle de réunion où siège, telle une confrérie, un ensemble de bobo pubards – avez-vous remarqué que la contraction de ces acronymes donne bobard, les mystères impénétrables de la dialectique – et là, 6 paires d’yeux lunettés de montures rectangulaires en acétate noire, surmontant une barbe de 3 jours faussement négligée, abandonnent la luminescence de leur écran macpro pour se braquer sur lui. Ils sont tous revêtus de leur habit de cérémonie à la gloire de la créativité : jean brut ajusté, baskets colorées, tee shirt graphique, gilet twin set gris…
A leur regard scrutateur, interloqué, ironique voir carnassier - un comble pour les pubarbs pourtant normalement si vegi trendy - le gentlegay sent bien que l’intronisation en tant que chevalier ségélaien de l’ordre du slogan primable à Cannes, ça va pas être pour tout de suite…
Je les sens prendre une inspiration, sans doute pour renifler les quelques grains de coke suspendus à leur poils nasaux : Comment ? un client n’est pas systématiquement en pantalon noir chemise blanche avec ou sans cravate selon son grade et son audace ? L habit faisant le moine, avons nous affaire à un personnage lunaire et pas fiable – vu qu’il semble ne pas savoir laver ses pull à l’eau froide et les distants systémiquement ? ou a un doux dingue – sous entendre il a pas l’air de mordre et on va le berner à l’aise, réflexion primale chez tout bon commercial de pub évaluant sa marge potentielle dès l’arrivée de son client…
Sauf que l’habit justement ne fait pas le moine …la réunion avance et on arrive au point crucial du casting pour le chien et là ben il se trouve que le personnage fantasque, habillé dans un parachute tricoté pur laine, outre être le marketing plutôt réfléchi que l’avancement de la réunion a dévoilé est aussi véto, ce que s’empresse de hurler sa boss, et donc le casting du chien c’est son affaire ! Je vous passe la gène passagère de ce déballage hiérarchique car elle a été instantanément balayée par la jubilation de revoir les yeux lunettés se tourner vers le gentlegay avec, faisant leur, l’expression Eve-Angéli-que « Mon rôle ça va être de réfléchir à voix basse dans ma tête. »
Ce à quoi le gentlegay ne répondra pas « Blonde, on me soupçonne plus bête que lorsque j'étais brune » mais bien que c’est dans les multifacettes d’une boule disco que se reflètent le mieux sa personnalité…plurielle et inattendue.